
La salle de cinéma cinéafricart voulait créer un buzz autour de la prochaine sortie tunisienne du dernier opus de Francis Ford Coppola « Tetro » et le coup médiatique a trouvé écho chez le public.
L’organisation d’une avant-première dans le cadre du ciné-club avec le débat dirigé par Tahar Chikhaoui, la soirée du mercredi dernier était un vrai coup de maitre. Tout Tunis était au rendez-vous, la salle archi comble, et certaines personnes tenaient tellement Í voir ce film en première vision a un tel point qu’ils ont accepté de se mettre par terre le temps de la projection.
Le succès de cette projection spéciale a fait qu’une autre séance soit organisée ce mercredi aussi.
Le film sera en salle (bien entendu Í l’Africa Í partir du 26 janvier 2010).
Revenons Í « Tetro » …
Son prénom est Angelo. Son nom est Tetrocini. Tetro, qui signifie « le triste », c’est le surnom qu'il s'est choisi pour changer, renaÍ®tre, oublier le passé. Il a mis de cÍ´té ses ambitions littéraires, il a coupé les ponts avec sa famille, s'est installé Í Buenos Aires, o͹ il vit avec une fille qu'il a connue Í l'asile psychiatrique. C'est lÍ que son jeune frère Bennie, employé d'une compagnie maritime, vient lui rendre visite, lui reproche de l'avoir abandonné…
Entre les deux frères, l'ombre d'un père despotique, illustre chef d'orchestre, continue de planer et de les opposer.
Mais, Bennie veut comprendre. A tout prix. Quitte Í rouvrir certaines blessures et Í faire remonter Í la surface des secrets de famille jusqu'ici bien enfouis.
Avec « Tetro » Coppola signe une œuvre ouvertement autobiographique, Tetro, c’est des rares films dont il ait écrit le scénario lui-même (avec Conversation secrète, 1974). Il ne se cache pas d'y évoquer les rapports qu'il eut avec son frère aÍ®né, son modèle, disparu soudainement lorsqu'il était agé de 14 ans. Et ce n’est pas, d’ailleurs une surprise puisque La famille a toujours eu une place importante dans le cinéma de Coppola (la trilogie du Parrain, Rusty James). Tetro pourrait même avoir des résonances autobiographiques : "Je crois plutÍ´t qu'il y a dans tous les personnages une partie de moi, de mon frère, peut-être même de mon père..." explique Coppola. Et il ajoute : "J'avais déjÍ une idée de l'histoire grace Í quelques pages de notes rédigées il y a très longtemps. Il y était question d'un adolescent parti Í la recherche d'un frère aÍ®né qui avait rompu brutalement tout lien avec sa famille. J'avais envie de situer le film dans une ville étrangère et j'ai choisi Buenos Aires tout simplement parce que j'y aime la musique, la culture et la nourriture. C'est ce petit fragment de récit que j'ai commencé Í développer, alors que j'étais en plein montage de L'Homme sans age."
« Tetro » ce film qui a marqué aussi le retour de Coppola Í Cannes après son glorieux passage avec « Apocalypse now » a séduit la presse européenne et a convaincu le public avec cette tragédie d'un personnage qui a appris Í se tenir loin de la lumière parce qu'un autre l'a vampirisé. Dans « Tetro » le style et sujet font un. Une mise en scène élaborée et une direction d'acteurs juste, un casting choc qui réuni des comédiens éclectiques (Vincent Gallo, Alden Ehrenreich , Maribel Verdu , Klaus Maria Brandauer, Carmen Maura, Rodrigo De la Serna ) emmènent le spectateur dans le dédale des secrets et des souffrances refoulés. Visuellement impressionnant et admirablement servi par Vincent Gallo, ce portrait d'un homme touché privilégie l'intime et touche en plein cœur.
Avec quelques chefs-d'oeuvre au compteur, FF. Coppola nous étonne encore avec un tel objet filmique, un beau mélodrame baroque, aux passions extrêmes et aux amours déçus .
ASMA. D