
Un spectacle hilarant
C’est au centre culturel Bir Lahjar, Í la rue du Pacha, Í Tunis et en présence d’un public peu nombreux qu’a été jouée hier la comédie : « Inheb inghanni » (Je veux chanter) d’Abdessattar Amamou et Houda Ben Amor dans le cadre du festival de la Médina.
Dans le patio de cette vieille demeure de Tunis, o͹ la canicule faisait des prolongations nocturnes, les comédiens étaient presque confondus au public. Ce divertissement théatral Í succès de la saison écoulée, que le festival de la Médina a invité, revisite le répertoire de la musique tunisienne, tout en partant sur les traces de ses pionniers, de la fin du dix-huitième, jusqu’au vingtième siècle. Pour cela, Abdessattar Amamou y garde sa casquette de fin chroniqueur de l’histoire et de la petite histoire de la capitale. En véritable « F’daoui » ds temps modernes, il donne la réplique Í la comédienne Houda Ben Amor, qui excelle dans son rÍ´le de vedette en herbe qui voudrait devenir une star de la chanson. Ses connaissances musicales et celles sur l’histoire de la chanson tunisienne sont nulles, Í quelques exceptions près.
Ce cÍ´té-lÍ a été savamment exploité par les comédiens, auprès desquels jouent un musicien muet Í l’orgue, Í la darbouka et au violoncelle et en présence d’un autre acteur de second rÍ´le. Les quiproquos et les renvois aux réalités sociales, économiques et politiques de la Tunisie post-révolution, y font légion. Le public en riait aux larmes durant cette pièce-spectacle o͹ Houda Ben Amor danse et chante. Le personnage du narrateur joué par Abdessattar Amamou se situe aux antipodes de celui incarné par Houda Ben Amor, au bord de la folie. Chaque mot, chaque expression venait renvoyer Í son sens contraire. La parabole de la dérision renvoie Í l’ignorance de certains de la musique et de la chanson tunisienne contemporaine. Un volet qui semble ne point intéresser les jeunes artistes d’aujourd’hui plus occupés par la chanson populaire légère qu’aux normes de la création et de l’adaptation musicale.
« Inheb inghanni » est un message, un clin d’œil et un hommage Í la musique tunisienne riche par son histoire séculaire et qui se doit de demeurer intacte et d’avoir sa place auprès des mélomanes et de tous les autres. Cela ne sera qu’un prétexte pour mieux la préserver pour les générations Í venir. Un spectacle o͹ les absents avaient tort.
B.L.