
Il y avait du beau monde à la Galerie A. Gorgi, à Sidi Bou Saïd, en cette fin d’après-midi du 20 avril, à l’occasion du vernissage de l’exposition de photos du jeune Douraïd Souissi, un photographe d’art en puissance qui nous revient après des années de labeur entre des études commerciales aux USA et un séjour à la Cité internationale des arts, à Paris.
L’intitulé de cette exposition est original dans la mesure où il est question d’une douzaine de prénoms masculins tunisiens. Devine-t-on, d’emblée, qu’il s’agit de portraits d’hommes ? L’artiste n’y annonce rien. C’est à prendre et à méditer là-dessus. Mais le plus original est la scénographie conçue pour mettre à vue cette exposition. La galerie Gorgi a été transformée, à l’occasion, en un espace clair-obscur à deux doigts de la pénombre. On y accède en ouvrant un rideau. Et ce n’est pas fini. Car les photos en question sont en noir et blanc et de tailles grandes, majoritairement. Dans cette atmosphère particulière, on découvre les images fixes ou les photos aux cadres blancs. Les personnages sont sous l’objectif de Douraïd Souissi.
Ce dernier choisit de prendre en photo des gens ordinaires, des citoyens lambda, dirait-on. Mais il s’avère que ces hommes, tous âges confondus, sont en mauvaise posture, tout abattus qu’ils sont par tant de maux que dégagent l’expression de leur visage. Serait-ce là l’image d’un quotidien morose ? Ou celle de gens en mal de bonheur et d’espoir ? Il s’agit, non pas d’un exercice de style, mais d’un récit qui raconte le doute et le désespoir, avec une inquiétude qui persiste. L’usage du noir et blanc indique-t-il justement la tristesse et les lueurs d’espoir à travers l‘omniprésence de la lumière, même à faible densité ? Béchir, Mohamed, Hbib, Slim, Hsouna, Alaa, Ahmed, Omrane, Zakaria, Salem, Alaa B et Ilyes sont là, devant nous. Ne sont-ils pas parmi nous ?
Une grande exposition qu’il faut voir absolument et jusqu’à la fin du mois d’avril à la galerie Gorgi, à Sidi Bou Saïd.
B.L.